Peter Doherty! On croit à une charmante plaisanterie, comme si Bob Dylan décidait du jour au lendemain de revenir à son patronyme originel. Personne ne l'assimile vraiment à David Zimmerman. Mais on ne peut lui en vouloir de se donner un peu plus de crédibilité en oubliant quelque temps ce surnom plus assimilé à l'image du Font man qu'au Songwriter.
C'est lorsque les derniers jours de l'hiver se font sentir et que le printemps pointe le bout de son nez que sort l'album de celui que l'on appelle à tord l'enfant terrible du rock. Le plus impressionnant avant même d'avoir écouté l'album est sûrement l'équipe autour dans le but de redorer le blason du jeune libertin, mais il est loin d'en avoir besoin puisque c'est à des années lumières de Shotters Nations que l'album commence avec "Arcady".
Plongé dans l'intérieur intime du chanteur comme pour nous signifier le sens réel du titre de l'album: Grace/ Wasteland. Cet état de flottement entre deux mondes où l'on ne sait pas trop si on se sent bien ou mal, heureux ou dépressif, où la frontière entre ce qui nous sépare de nous et de notre contraire se fait mince et floue.
Dans un cadre presque épuré, sans le filet, en tant que songwriteur confirmé et sans aucune prétention. Quelque fois sur les pas de Down in Albion ou totalement à côté "Sweet by and by".On comprend très vite que cet album ne raliera pas la cause de ceux qui n'ont pas suivit son évolution musicale bien trop novices pour apprécier dans son intégralité les différentes facettes de l'un des compositeurs les plus talentueux de sa génération.
Peter n'a plus rien à voir avec le garçon qui faisait la queue pour un album d'Oasis. Au fil des citations littéraires et des rencontres (" Palace of bone" ou "Sheepskin Tearaway" avec Dot Allison), aucun tube à inonder les radios alors pas de chance que l'on s'en lasse. Entre nouveaux titres et sessions acoustiques sur lesquelles on avait l'habitude te tomber dans des versions plus ou moins claires; histoire de fixer une fois pour toutes ces mélodies qui s'échangeaient sous le manteau tel "Salome" .
Un pas dans le passé ( "1939 returning") mais vers un avenir plus serein qui ne peut être que meilleur. Cette femme en couverture l'illustre parfaitement. Épuisée d'être persécutée, découragée, désabusée, elle s'offre au destin et ne craint plus ce qui pourra lui arriver. Son errance prend fin pour "New Love grows On the Trees".
Grace/Wasteland est l 'exception qui confirme la règle. Pete Doherty livre à 30 ans son premier album solo alors que certains le prédisaient parti à l'âge maudit, brûlé par les deux bouts. Je ne peux que reprendre cette phrase de Télérama « Il y a des disques qui font doublement plaisir», alors Mr, je vous tire mon chapeau.