13 décembre 2008
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Musicalement, remonter jusqu'à janvier 2008 semble une incroyable péripétie, semée d'embûches de surcroît. Il s'avère très difficile de savoir quand un album est sorti officiellement en France, alors qu'il nous faisait déjà headbanger sur nos iPod; car oui comme tout élève studieux nous devons nous mettre à l'aval du mouvement sans pour autant glisser dans l'illégalité.
Mais la lourde tâche de la remémoration ne nous a pas effrayé. Comme pour la plupart des blogs, en ce mois de décembre, notre préoccupation première est de faire le tri dans nos disques et CD afin d'en extraire ceux qui ont rythmé notre année.
Nous avons cependant été confronté à un problème de taille: Comment trouver le juste équilibre entre les albums qui ont "officiellement" marqué l'année et ceux qui ont marqué notre année?
C'est en binôme, figées durant de longues heures que nous nous sommes posé la question. Nous avons pesé le pour, le contre, confronté nos idées, essayé de réunir nos points de vue divergents... c'est dire le sérieux de notre travail.
Seulement voilà; il nous a été impossible d'en arriver à bout. Force était d'accepter le fait de n'avoir pu surmonter le choix cornélien auquel nous étions confronté; à croire que l'objectivité n'est pas notre fort.
Nous avons finalement décidé d'établir deux listes. Une première des 10 meilleurs albums qui ont fait du bruit. Une deuxième des 10 albums qui nous ont personnellement ravis.
Albums de L'année
Midnight Boom, The Kills
Qu'ont encore à prouver les Kills? Ils sont le couple romanesque subsistant grâce à cette chimère et à l'ambiance charnelle qu'ils installent. Après deux albums dantesques, ils reviennent avec Midnight Boom. La noirceur des premiers efforts semble quelque peu délaissée au profit d'une musique plus rythmée. Mais le fond reste le même, les paroles sont là pour en attester.
Rascalize, The Rascals
On crie au vice quand la bande à Miles Kane décide de sortir son album juste après le succès des Last Shadow Puppets. Et peut-être que tout était effectivement calculé. Mais le talent des Rascals apparaît comme une évidence à l'écoute de l'album tant le leader semble à l'aise avec tout ce qu'il fait. Difficile de croire qu'il s'agit là d'un premier album...et c'est de pied ferme qu'on attend de se refaire berner.
Vampire Weekend, Vampire Weekend
Simples Intellos New Yorkais ou véritable phénomène?
Un impact mesuré et efficace pour ce quatuor qui a su démocratiser des influences plutôt difficiles à assimiler pour un fan de rock. Une confrontation directe entre ce qui semble être issu de l'Afrique subsaharienne et le pop rock dans sa forme la plus évoluée.
The Age Of The Understatement, The Last Shadow Puppets
Alex Turner et Miles Kane ont débarqué, l'air de rien. Ils se sont imposé sur nos platines, ont envahi nos iPod et fait figure de favoris dans nos playlist. Et ce n'est que plus tard qu'on se rend compte qu'ils sont une toute nouvelle formation. Quand une pop envoûtante supplante un rock alerte, ça donne The Age Of The Understatement, et ça nous habite définitivement.
Third, Portishead
Qui ne s'est pas un temps senti trahi par Portishead durant ces longues années de silence? 10 ans après, les rois du Trip-Hop sont de retour avec Third. Cet album froid et agressif, comme-ci le temps avait eu son petit effet, provoque une réticence. Mais la qualité des paroles et le talent naturel de Portishead se manifestent vite pour endormir la petite révolte qui commençait à se manifester. On se dit rendez-vous dans 10ans?
Oracular Spectacular, MGMT
On a un peu été tenté de faire mine de ne pas avoir prêter attention à l'électro-disco-pop-psychédélique du duo New-Yorkais. Pourtant, il faut avouer qu'ils ont fait parti de notre quotidien durant quelques mois. Alors, certes, plutôt la mer à boire que de réécouter leur album aujourd'hui; mais il y aura toujours une de leur chanson bien placée dans nos playlist - ne serait-ce que par nostalgie-. Et, en final, les avis sont mitigés, voilà qui contraste avec l'euphorie générale du début. Mystic Bullshit? A suivre...
Petite Mort, Second Sex
Leur présence dans une sélection peut paraître assez prématurée, on le conçoit. Qui plus est, leur album n'est pas particulièrement exceptionnel. Seulement, les Second Sex sont français. Patriotiques, nous? Pas pour un sou. On admet juste que ces quatre garçons dans le vent ne sont pas que photogéniques. Ils ont signé avec Petite Mort, un album garage comme on n'en entend que très rarement en France. Étant donné qu'on attendait pas grand chose d'eux, il faut comprendre notre surprise. On leur espère une bonne continuation, avec sincérité.
Jim, Jamie Lidell
Jim est sans conteste le meilleur album de Jamie Lidell. Il y troque l'électro - soul approximative des débuts, contre de la véritable soul. Et là, il s'affirme totalement. Mais ne nous égarons pas, nul ne voulait tuer le chanteur à grosses lunettes de Multiply, on le voulait juste moins oscillant. Et le souhait fut exaucé grâce à la production par Warp (toujours) d'un album moins électronique.
Með suð í eyrum við spilum endalaust, Sigur Ros
On l'aura maintenant totalement intégré: en Islande il n'y a pas que Bjork et la géothermie. Le cinquième album de Sigur Ros est là pour le prouver. Les titres sont imprononçables et les paroles incompréhensibles; mais les réfractaires sont vivement invités à prêter l'oreille, même avec mauvaise foi, au post-rock (?) minimaliste du quartet. Le test Sigur Ros a jusque là fait ses preuves et est normalement infaillible.
Loyalty To Loyalty, Cold War Kids
On a sérieusement cru avoir affaire à des imposteurs en entendant pour la première fois l'introduction de "Something is not right with me" . Les Lads de L.A. auraient-ils viré pop en l'espace de quelque mois? Juste une petite frayeur pour le moins salutaire. Ils exposent avec succès leur désarrois transposé dans un univers moins dur accompagné d'influences plus américaines . Un rythme soutenu, tendu, mais plus fluide qui nous transporte dans une société pas si étrangère . Un album colle à la peau tel une gueule de bois dont on ne se défait pas facilement et vous laisse haletant. Moins écorché vif mais toujours aussi poignant "Loyalty to Loyalty" risque de nous hanter pour bien plus que l'hiver.
Notre Selection
Devotion, Beach House
Beach House ou comment être l'un des meilleurs groupes pop de sa génération sans en avoir l'air. Devotion ou le minimalisme dream pop dans toute sa splendeur. Le couple (franco-)américain atteint des sommets et ses ressources semblent difficiles à épuiser. On ne s'en plaindra pas!
Songs In A&E, Spiritualized
Songs In A&E, le 6ème album des Spiritualized est évidemment admirable. Jason Pierce, officiant généralement sous le nom de J. Spaceman; prouve d'album en album qu'il n'est pas qu'un junkie bon à faire varier la géométrie de son groupe. Les 18 titres de cet album témoignent du talent de singer-song-writer de l'ex Spacemen 3.
Rabbit Habits, Man Man
Un quintet philadélphien livre cette année un album totalement délirant. Man Man nous fait bouffer de l'expérimental à grosse dose et on aime ça. Trompettes, jouets pour enfants et tout ce sur quoi on peut taper et qui est suscpetible d'emmettre un son, sont leurs instruments de base. Ils en jouent merveilleusement; ils ont le rythme dans le sang et la démence dans la peau. Et pour couronner le tout, leur concert à emporter était superbe! Une belle année donc.
Mr Jung Stuffed- Man Man
Dear Science, TV on The Radio
Waouh! En théorie, cela devrait être assez pour parler de Dear Science. La dernière production de David Sitek surprend à la première écoute et habite dès la seconde. Un mélange de rock sérieux avec un soupçon de psychédélique et de hip hop nerd. Un brillant album pour un groupe émérite. Dear Science perdurera.
Directions To See A Ghost, The Black Angels
Du psychédélique pur, comme très peu osent encore en faire. Aucune chanson de moins de 6min dans cet album sombre de plus d'une heure. Le sextet texan aime les guitares bien lourdes et le fait ressentir. Ils métrisent leurs intruments tels des virtuoses expérimentés. Un magazine avait dit qu'il était un des seul groupe à mériter l'appellation rock aujourd'hui; on ne démentira pas!
Donkey, CSS
Un nom pour brouiller les pistes+ Une couverture enigmatique et vous avez devant vous le millésime électronique de l'été 2008. Fini les appels explicites aux actes très peu catholiques..Les bresilliennes ne renient pas pour autant ce qui a fait leur succés ("Left behind" se passe de commentaire). On sent une meilleure maitrise de leurs instruments, le synthé parait plus canalysé au profit des guitares. Leurs mesaventures n'ont pas affecté cet album qui leur permettra d'envahir les scènes du monde entier affublées de tenues extravagantes.
The Virgins, The Virgins
Le culot du cher Donald Cumming n'est pas innoncent à la tournure actuelle des choses. La légende voulant qu'il ait signé un contrat avant que le groupe meme existe et que lors de leur premier concert parisien ils aient envouté la salle de la rue des capucines du haut de leur quelques mois.
Personne ne s'attendait vraiment à un tel album, à l'encontre des demos encore balbutiantes ne laissant pas présager leur basculement vers des influences 90s tout à fait assumées. Ils nous embarquent dans leur vie New yorkaise tumultueuse, rythmée de filles peu coopératives voire cruellles en nous rapellant que la musique est avant tout faite pour s'amuser. De quoi les inclure d'office dans la playlist de toute soirée réussie.
Activity Center, Tahiti 80
Aussi longtemps que nous considérerons que Tahiti 80 est un des meilleurs groupes que la France ait connu, ses albums figureront dans nos sélections. En un peu plus de 10 ans de carrière, ils ont eu le temps de déchaîner les foules Japonnaises et d'obtenir l'attention de quelques français. Phénomène plutôt inexplicable, ces Rouennais ont pourtant tout pour plaire. Ils ont fabriqué, avec Activity Center, un son pop-rock, tinté d'électro, des plus honorables qui devrait enfin satisfaire l'exigente population européenne.
Off with Their Heads, Kaiser Chiefs
On attendait peut-être plus de Kaiser Chiefs, un renouveau esthétique qui nous tiendrait en éveil. Autant être honnête, Off With Their Heads n'a rien de bien neuf. Ceci peut constituer un point faible évidemment, mais l'efficacité des premiers albums est toujours présente, la maturité en plus. et un tentative remarquable"Half the Truth". Ainsi, notre amour antérieur de la musique du groupe nous permet de continuer à apprécier le brit-rock de ces anglais.
Matinée, Jack Peñate
Matinée au delà d'être l'album qui a révélé son talent a bel et bien marqué l'arrivée de 2008.
Jack Peñate arrive à accomplir à lui seul ce que 5 s'efforcent d'obtenir en plusieurs années sans pour autant se vanter d'accomplir une quelconque volonté divine.
Car finalement, c'est ce qui nous plait dans cet album réalisé dans une simplicité des plus frappantes.